MISTER ZAPPA I LOVE YOU !

Frank Zappa

Avant toute chose, je tiens ces concepts et citations de l’autobiographie officielle originale de Frank Zappa. Qui plus est, en anglais.

Ce que je propose ici sont mes propres traductions (avec l’aide d’une amie, Isabelle Tosi, qui a aussi son blog sur la langue anglaise par le théâtre, en cours de développement).

Pourquoi cet article ?

Qu’on se le dise d’entrée, Frank Zappa n’est pas très connu en France. A part dans le milieu de la musique. Parfois. Soit. C’est souvent un nom qu’on a déjà entendu, on sait que c’est un moustachu dont la musique revêt une esthétique particulière.

Mais il existe quelque sérieux aficionados.

Il faut dire qu’il y a du génie chez Zappa. On l’adore, voire on l’idolâtre, ou on le déteste. Si vous souhaitez vous intéresser à l’univers très conséquent de Frank Zappa, vous devez être guidé. On n’entre pas chez Zappa comme ça, sous peine d’être stigmatisé à vie.

Mais c’est un autre sujet…

(Je peux fournir une liste d’albums pour entrer dans l’univers de Mr Zappa si ça vous intéresse, faites-le moi savoir par e-mail).

The Real Frank Zappa Book (with Peter Occhiogrosso) – 1989.

Ne pas oublier de prendre en compte l’époque. Zappa a joué entre 1965 et 1991, ainsi que le contexte de l’époque. Tout y est très bien décrit dans ce livre. Cela permet de remettre les concepts et citations dans une Amérique sans internet, où le CD se développait à peine, le numérique balbutiait etc etc… Et Frank Zappa était avant-gardiste sur bien des points… Alors, on y va !

1 – Je n’ai jamais mangé de la merde sur scène. La chose la plus proche que j’ai failli manger était à l’Holiday Inn buffet à Fayetteville, Caroline du Nord, en 1973.

2 – « Un putain de dégénéré avec une lame de rasoir »

En règle générale, je n’écoute jamais mes disques une fois terminés et mis dans les bacs, mais en 1968, lors de ma seconde tournée européenne, « We’re only in it for the money » a remporté l’équivalent néerlandais d’un Grammy.

A une cérémonie de remise des prix, on m’a mis une statuette dans les mains pendant que mon album passait en fond sonore. Je me suis rendu compte qu’il manquait des passages entiers dans certaines chansons. Quelqu’un à la MGM avait été offensé par les paroles et s’était permis de couper arbitrairement et sans crier gare jusqu’à 8 mesures dans les morceaux. Juste assez pour les niquer complètement jusqu’au pont musical.

The Big Offender était une phrase tirée de la chanson « Let’s make the water turn black »

And I still remember Mama,

With her apron and her pad,

Feedind all the boys at Ed’s cafe

Je ne comprenais vraiment pas que qui que ce soit ait pu trouver quoi que ce soit à couper là-dedans. J’ai appris qu’un dirigeant de la MGM était convaincu que le mot « pad » (Coussin) faisait référence à une serviette hygiénique. Il était devenu complètement obsédé par l’idée qu’une serveuse, quelque part, nourrissait les clients d’un restaurant avec des serviettes hygiéniques et demandait (sans respecter les termes de notre contrat) que cette partie soit retirée. Ce mec a besoin de voir un docteur.

Quand j’ai réalisé que des parties du disque avaient été censurées, j’ai dit aux personnes présentes à la cérémonie : « Je ne peux pas accepter cette statue. Je préfère que le prix soit décerné au mec qui a modifié ce disque, parce ce que ce que vous entendez reflète plus SON travail que le mien. » J’ai tendu le prix à des gens d’un magazine de « contreculture » rock, qui l’ont gentiment désacralisé et exposé dans leur bureau.

3 – L’information n’est pas la connaissance, la connaissance n’est pas la sagesse, la sagesse n’est pas la vérité, la vérité n’est pas la beauté, la beauté n’est pas l’amour, l’amour n’est pas la musique. La Musique est ce qu’il y a de mieux.

4 – Le Cadre :

La chose la plus importante dans l’art est Le Cadre. Au sens propre pour la peinture, au sens figuré pour les autres arts – parce que, sans cet humble appareil, vous ne pouvez pas savoir où l’art s’arrête et où commence le monde réel.

5 – La musique est l’œuvre des compositeurs – pas des musiciens.

Les compositeurs la conçoive, les musiciens l’exécute.

6 – Sans transgression des règles, pas de progrès possible.

7 – Le peuple américain a exploré un univers musical si étroit qu’il n’est même pas à même de savoir ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas.

8 – Quand nous parlons de liberté artistique dans ce pays (les USA), nous perdons parfois de vue le fait que cette liberté dépend d’un financement adéquat.

9 – Si tu as une idée pour une invention, par exemple, tu as besoin des outils et de la machinerie nécessaire ; tu as la liberté d’y réfléchir, mais pas la liberté financière de la construire. Il en va de même pour une création artistique.

10 – La définition d’un journaliste de Rock : Personne qui ne sait pas écrire, faisant des interviews de personnes ne sachant pas parler, en vue de réaliser des articles pour des gens qui ne savent pas lire.

11 – Si vous vous retrouvez avec une vie ennuyeuse et misérable parce que vous avez préféré écouter votre mère, votre père, un prêtre, n’importe quel gars à la télévision, ou n’importe qui vous expliquant comment chier votre merde, et bien vous la méritez. Si vous tenez à ce point à être un con, soyez un con – mais n’attendez aucune forme de respect de quiconque – car un con est un con.

12 – Les certificats civils et religieux de mariage réduisent votre magnifique relation en un contrat d’entreprise (entre les partenaires, entre les partenaires et le gouvernement, ou entre les partenaires, le gouvernement et Mr Dieu).

13 – La masturbation n’est pas illégale. Si ce n’est pas illégal de le faire, pourquoi serait-ce illégal de la chanter ?

14 – Il n’y a aucune preuve scientifique concluante pour soutenir l’affirmation selon laquelle l’exposition à n’importe quelle forme de musique entraînerait l’auditeur à commettre un crime ou damner son âme en enfer (19.09.1985).

15 – Lors d’une émission, un vétéran de la seconde guerre mondiale avec une jambe de bois, assez agressif, interpela Frank Zappa :

« Si j’en juge par vos cheveux longs, vous êtes une fille ? »

Et Zappa répondit :

« Si j’en juge par votre jambe de bois, vous êtes une table ? ».

16 – Quand le Rock’n’roll est apparu, les adultes lui étaient complètement hostiles. Aujourd’hui, ils dansent l’aérobic dessus.

17 – Il n’est pas nécessaire d’imaginer le monde se terminant par le feu ou la glace – il y a deux autres possibilités : l’une est la paperasserie et l’autre est la nostalgie.

Lorsque vous calculez la durée entre l’événement et la nostalgie de l’événement, l’intervalle semble être d’environ un an de moins dans chaque cycle. Finalement, dans le prochain quart de siècle, les cycles de nostalgie seront si rapprochés que les gens ne pourront pas faire un pas sans être nostalgiques de celui qu’ils viennent de prendre. À ce moment-là, tout s’arrête.

La mort par nostalgie.

18 – Je suggère que nous apprenions à prendre quelque chose de mauvais qui nous arrive et à le polariser. Au lieu d’être submergé par un événement négatif, esquivez-le tel un maître Tai-Chi et laissez-le se faufiler par votre pantalon. Peut-être que ça fait un peu de vent – une grosse affaire. (S’il vous plaît, ne prenez pas ceci pour l’optimisme).

19 – Je n’ai pas d’« amis ». N’importe qui qui est le Boss dans une affaire n’a pas d’« amis ».

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20 – En ce qui concerne l’éducation des enfants, l’idée de base que j’essaie de garder à l’esprit est qu’un enfant est une personne. Juste parce qu’ils sont un peu plus petits que vous ne signifie pas qu’ils sont plus stupides que vous.

21 – La stupidité a un certain charme. L’ignorance non.

22 – Une émission de CNN appelé « Crossfire » a couvert le sujet du PMRC (Parents Music Ressource Center, responsable, vous savez, du joli logo d’avertissement « Parental Advisory Explicit Content/Lyrics ») deux fois avec moi en tant qu’invité, la première fois en 1985 (quand j’ai dit à ce type de The Washingtow Times d’embrasser mon cul), puis encore en 1987, quand La chanson sexuelle de George Michael était ‘contreversée’. Croyez-le ou non, Mesdames et Messieurs, la prémisse de ce second débat sur Crossfire était (ne riez pas) « LA MUSIQUE ROCK CAUSE-T-ELLE LE SIDA ? », Avec des extraits de la vidéo de M. Michael…

23 – En Bonus…Et Zappa pensa Internet au début des années 1980 :

Les fans de musique aiment dévorer de la musique… Pas spécifiquement sous la forme d’un objet ancien en vinyle entouré d’une pochette cartonnée.

C’est notre proposition de profiter des aspects positifs d’une tendance négative qui affecte aujourd’hui l’industrie du disque : dupliquer chez soi des disques vinyles sur cassettes.

Tout d’abord, nous devons prendre en compte que cette nouvelle habitude d’enregistrement n’est pas nécessairement motivée par de « l’avarice » de la part du consommateur. Si ce dernier fait lui-même une cassette à partir d’un disque, cette copie aura sans doute un meilleur son que celle à « haut débit » commercialisée par une compagnie.

Nous proposons donc ici d’acquérir les droits de dupliquer digitalement LE MEILLEUR des articles difficiles à exploiter du catalogue Quality Catalog Items (Q.C.I.) de chaque maison de disques, de les stocker sous la forme d’un traitement central, et de les rendre accessibles chez eux, par téléphone ou TV câblée, directement reliés à l’appareil enregistreur des consommateurs, avec l’option de directement transférer du format « digital à digital » au format F-1 (encodeur SONY pour cassettes, niveau digital pour consommateurs), BETA Hi-Fi ou cassette analogique simple (qui demanderait l’installation d’un convertisseur D-A dans le téléphone lui-même… le moins cher coûtant environ douze dollars).

Toute tenue de comptes pour le paiement des droits, les factures aux consommateurs, etc., serait automatique, directement incluse dans le logiciel fabriqué pour le système.

Le consommateur a ainsi l’option de souscrire une ou plusieurs « catégorie d’intérêt spécial » réglable mensuellement, sans considération pour la quantité de musique qu’ile désir dupliquer sur cassette.

Mettre à disposition une quantité de matériel aussi important à coût réduit, pourrait certainement diminuer le désir de le dupliquer et de le stocker puisqu’il serait ainsi disponible à toute heure du jour et de la nuit.

Des listes mensuelles pourraient être fournies par catalogue, réduisant ainsi le stockage en ligne nécessaires. Le service dans son intégralité serait accessible par téléphone, même quand la réception se fait via la TV câblée.

Bref…

Quand on voit comment les maisons de disques (les gardiens du temple de l’industrie musicale) on réussi leur virage au passage à internet, on imagine bien pourquoi ce genre d’idée a été enterrée…

Prenons par exemple un album comme Thriller de M. Jackson. Tout le monde le connait. Et les maisons de disques encore mieux…

Thriller = Un album.

Décliné en vinyle (33 tours, 45 tours), album, single, cassette, vidéo, rééééééééééééditions, CD, DVD, produits dérivés, concerts, pubs etc etc… Et ce n’est qu’un exemple. Pas mal pour 42 minutes et 15 secondes de Musique !

Alors, quel est l’intérêt pour une Major de dématérialiser la musique et de la rendre accessible, à moindre de coût, de façon illimitée etc etc…?

Frank Zappa était un visionnaire sur bien des plans (utilisation de la pédale wha-wha, dématérialisation de la musique, film complet en pâte à modeler, musique par ordinateur, internet, mélange entre musique savante et le rock). Il a formé quantité de musiciens qui ont (ou qui ont eu) une carrière brillante : Steve Vai, Chad Wackerman, Vinnie Colaiuta, Adrian Belew, George Duke, Mike Keneally, Chester Thomson, Terry Bozzio…).

Travailler des plans de Frank Zappa, que l’on soit guitariste, batteur, bassiste, chanteur, pianiste etc et ce, peu importe notre style musical de prédilection… Est EXTRÊMEMENT ENRICHISSANT ET FORMATEUR.

Quelques morceaux choisis de Frank Zappa :